Ceci n’est pas une pièce, pourrait-on dire, pour paraphraser le célèbre tableau de René Magritte.

C’est l’histoire d’une rencontre qui, d’après Anna, « laisse toujours des traces,  ne serait-ce qu’un mot qui enrichit un vocabulaire », et d’après William « ne serait-ce qu’un virus qui sauterait d’un corps à l’autre ».

C’est le récit d’un amour, celui de William – anti-mondialiste convaincu – et d’Anna – actrice shakespearienne convaincante – que le destin dispose côte à côte lors d’une rétrospective consacrée aux films de Jean-Luc Godard ; un amour d’amoureux qui ont déjà connu (trop peut-être) des histoires d’amoureux et d’amoureuse.

C’est un corps tatoué  « Metal Rock » dans une Golf 1991 - rouillée.

C’est Sylvie Vartan qui chante « le film est triste ».

C’est le journal, au jour le jour, d’un désir qui commence par un malentendu - d’après lui c’est durant « Deux ou trois choses que je sais d’elle, » qu’ils se sont découverts alors que d’après elle, c’est « Le mépris » qui les a réunis -, désir qui s’achève dans la tourmente de deux morts choisies, faute d’avoir pu ou su trier dans le labyrinthe des émotions et convictions contradictoires.

C’est le dessin de réalités et d’illusions qui s’entrecroisent, de destins qui se rencontrent dans une cinémathèque, aux grottes de Hotton, à Prague, à Stratford-upon-Avon.

C’est une fable qui se passe ici, c’est-à-dire à Bruxelles ou Berlin ou Beijing.

C’est Homo Economicus qui conquiert le monde.

C’est le portrait d’une génération de fils et de filles formés par les bibliothèques de leurs parents où ne figuraient que trois best-sellers mondiaux : La Bible, Das Kapital de Karl Marx et les Œuvres Complètes du grand  William.

C’est la chronique des voix et des vies de Margaret et Ronald, de Werner et Niels, de Naomi et Noreena.

C’est se rendre compte que la vie est « wonderful ».

C’est la confession – version multiplex - d’enfants de notre siècle.

C’est Brigitte Bardot qui demande à Michel Piccoli « Tu m’aimes comment ? »

C’est aussi le poids du passé qui fige nos envies et nous rend borgnes à la nouveauté.

« Shakespeare is dead, get over it. » Littéralement, « Shakespeare est mort, passons à autre chose. »

Le titre, plus qu’une injonction, c’est une prière qui nous demande de vivre  proprement et de penser au suivant.

Le texte, plus qu’une pièce, c’est un puzzle qui s’offre au spectateur, pour qu’il le reconstitue, selon ses vérités et ses désirs.


PHILIPPE SIREUIL

05.05.2008


 

Shakespeare is dead, get over it

de Paul POURVEUR


THEATRE NATIONAL DE BELGIQUE

2008


Interprétation Olivia Carrère, Yvain Juillard, Marie Lecomte, Vincent Minne.

Décor Philippe Sireuil assisté de Catherine Somers

Costumes  Catherine Somers

Chanson Edwige Baily

Vidéo Benoît Gillet

Assistante à la mise en scène  Christelle Alexandre

Lumières et mise en scène 

Philippe Sireuil


Production

THÉÂTRE NATIONAL  DE BELGIQUE






 
  1. photos de Danielle Pierre ©

                                                                                                                         

Extraits de l’Emission CINQUANTE DEGRES NORD, ©ARTE-RTBF 2008

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