THEATRE DE NAMUR

2012


Interprétation

Edwige Baily (La Gamine),  Yoann Blanc (Le Tailleur), Anne Sylvain (Mamie Huguette), Alexandre Trocki (L’Intendant de Dieu).

Costumes  Catherine Somers

Décor, lumières et mise en scène

Philippe Sireuil


Production  compagnie des petites heures (paris), théâtre de namur, la servante



 

Serpents à sornettes

de Jean-Marie PIEMME

Le Tailleur, L'intendant de Dieu,

La gamine du tailleur,

Mamie Huguette, la mère du tailleur :

à la lecture de la liste des personnages de la pièce,

nous voilà prévenus, on risque bien de voir Jean-Marie Piemme,

au travers de cet improbable quartette

et de leurs liaisons ô combien explosives,

tailler un costard à nos petits arrangements

avec l'ici-bas et l'au-delà.

Entreprise en déroute, facture impayée,

avantage en nature, paiement au noir, dessous de table,

petit cadeau, commission win-win, demande en sus, service compensatoire,

returns clandestins, voyage aux frais de la princesse (ici la vierge marie),

la pièce conduira nos héros d'une sacristie poussiéreuse à Jérusalem,

mais aussi, dans un engrenage aussi inexorable qu'imprévu,

Gamine (qui ne jure que par Kurt Cobain) aux mirages de la foi,

Mamie Huguette (qui déplore la religion spectacle) à la demande de canonisation,

le tailleur (qui a baptisé son dernier fils Noël) aux simonies* en tout genre

et l'intendant de Dieu (qui voudrait promouvoir l'hostie bio) à la colère céleste.

Dans une langue tonique et joyeuse,

Serpents à sornettes est le troisième opus de la vis comica de Jean-Marie Piemme

que j'aurai le plaisir de porter à la scène, après Toréadors

et Dialogue d'un chien avec son maître sur la nécessité de mordre ses amis :

même goût du paradoxe, même férocité opportune, même joie d'un théâtre pugnace, même irrévérence,

même espièglerie salvatrice devant « la part de bêtise que les actes d'allégeance exigent de nous, » ainsi que l'écrit l'auteur.

Le Pape s’oppose à l'éclipse de Dieu, ai-je pu lire** récemment dans un journal ;

Jean-Marie Piemme s'oppose, lui, à l'éclipse de notre libre arbitre et aux couleuvres

qu'on ne cesse de vouloir nous faire avaler sur le marché de la foi et dans la foi du marché.


Philippe SIREUIL


SIMONIE, subst. fém. DR. CANON/QUE. Volonté délibérée de vendre ou d'acheter un bien spirituel ou intimement lié au spirituel (bénédictions, grâces, bénéfices ou dignités ecclésiastiques) pour un prix temporel (somme d'argent, présent matériel, protection ou recommandation); pratique qui en résulte. Condamner la simonie; commettre une simonie.

** LA LIBRE BELGIQUE, 20/08/2011.